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Arrivée des migrants
Contenu national
Thème
Migrants
Commune
Versailles

À Versailles, au camp des Matelots, hébergement d'urgence des migrants

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Le centre d’hébergement d’urgence (CHU) dirigé par Cité Caritas a dû accueillir, le 17 novembre 2020, en plein re-confinement, en cinq jours seulement, cent cinquante hommes adultes migrants expulsés des camps de rue de la porte de la Chapelle et de la place de la République démantelés.

Cité Caritas, une filiale du Secours Catholique, a été mandatée  par la direction départementale de la Cohésion sociale (DDCS) pour prendre  en main la direction du centre d’hébergement d’urgence (CHU), à la suite de la Croix Rouge. L’association des Cités du Secours Catholique, aujourd’hui Cité Caritas, a été créée en 1989 par le Secours Catholique pour doter les cités d’une autonomie de gestion adaptée aux financements publics et au statut professionnel de la grande majorité des intervenants, tout en veillant à associer des bénévoles dans l’accueil des personnes. L’association développe ses activités, en étroite coopération avec les partenaires institutionnels, en proposant des réponses aux nouveaux besoins sociaux.»

« Ce n’est pas par hasard que nous avons été choisis » commente Anne-Lise.

« Nous gérons sur place depuis 2003 le centre d’urgence et de réinsertion sociale( CHRS), destiné aux personnes sans domicile fixe et, depuis quelques  mois, une halte de nuit pour les grands exclus, qui nous sont amenés par la Maraude ou par le centre 115.  Trouver des lits, les monter, installer les sanitaires, récolter des vêtements ou des couvertures, il y avait tout à faire. Nous avons été très largement aidés par les réfugiés tibétains que nous avions  accueillis l’année dernière dans les locaux voisins »

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Parer à l'urgence
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A l’automne 2019, Cité Caritas a en effet fait l’expérience d’accueillir dans l’urgence une cinquantaine de réfugiés Tibétains. Certains étaient encore là le 17 novembre dernier et leur nombre s’est rajouté aux cent trente-deux réfugiés, pour la plupart afghans, qui  doivent être nourris, logés, et accompagnés dans leur vie quotidienne et leurs démarches administratives, avant d’être orientés vers des structures plus adaptées. C’est une première étape dans un processus qui se veut durable. Pour faire face à la situation, l’association Caritas est épaulée par  des agents de la société IKKI Sécurité, qui se succèdent de jour comme de nuit.


 « Au début, commente Sabrine, une des agents présente sur place en novembre, les migrants étaient très fermés et méfiants. L’expérience de semaines dans la rue et de l’expulsion par la police les avait marqués. Progressivement le fait d’être à l’abri, nourris, vêtus, logés, même dans des conditions précaires, les rassure ».

Par leur douceur, leur écoute, leur humour également, les deux jeunes femmes appelées « les petites sœurs » ont su apprivoiser ces hommes jeunes pour la plupart, mais déjà durcis par l’existence. « Ils ont traversé des épreuves terribles pour parvenir jusqu’en France », confie Sabrina. « Avant de les accompagner à la préfecture, nous recueillons par écrit, avec l’aide d’un interprète, leurs récits de vie. Cela va au delà de ce qu’on peut imaginer ! »
Patiemment, les agents les aident dans leurs premières démarches administratives comme l’ouverture de leurs droits, leurs rendez-vous à la préfecture ou à la caisse d'Assurance maladie. À leur arrivée, elles ont du faire appel aux Médecins de rue pour des traitements contre la gale ou autres maladies.

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Le soutien des bénévoles du Secours Catholique
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"Un premier moment de partage"
 Crédit photo: ©ChristopheHargoues/Secours Catholique

Dès qu’ils descendent du bus, les migrants réclament des cours de français. Pour répondre à leur demande, des séances sont dispensées les mardis, jeudis et samedis matin par des bénévoles du Secours Catholique. Lise, Gui-Serge et Manel se regroupent ces jours-là dans une salle conviviale en groupes de cinq ou six élèves. Transmettre les rudiments de notre langue à des jeunes hommes qui, pour la plupart, ne savent ni lire ni écrire dans la leur n’est pas chose aisée. Sans compter que peu d’entre-eux se débrouillent en anglais. Alors les bénévoles improvisent avec les gestes, le recours aux images. « On pare au plus urgent, à savoir leur apprendre le B.A.B.A pour demander son chemin dans la rue, lire un panneau, avoir une conversation minimum. », commente Lise.  « D’autant que la plupart des accueillis ne restent pas plus de quelques semaines, le temps d’être transférés vers une structure plus adaptée », rajoute Manel.


« Dès le début, les responsables de la délégation du Secours Catholique des Yvelines et plus particulièrement du territoire de Versailles sont venus pour identifier nos besoins : cours de français, temps de convivialité, vestiaire. On essaie avec eux de répondre à l’urgence », commente la responsable du CHU.

Parer à l’urgence, c’est le leitmotiv dans le centre.

Les cours de français ont au moins l’avantage d’occuper les jeunes hommes durant des journées qui peuvent sembler très longues. Pour leur éviter de trop s’angoisser durant cette période de changements et d’incertitude, les agents de sécurité se transforment en moniteurs sportifs pour l’occasion. Les migrants ont été également associés à la rénovation d’une salle de convivialité, qu’ils sont en train de décorer d’une vaste fresque murale.


Cité Caritas gère, en plus du centre d’hébergement d’urgence, un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) qui accueille de quarante à soixante-dix personnes sans domicile fixe ainsi qu’une halte de nuit, ouverte il y a quelques mois pour accueillir environ vingt-cinq sans-abris envoyés par la Maraude ou le centre 115. Les migrants de novembre ont été transférés dans d’autres centres d’urgence ou d’autres institutions, en fonction de leur situation administrative. Seuls une vingtaine d’entre-eux sont restés, rejoints en mai puis en juin 2021 par d’autres réfugiés, après des évacuations de camps de rue. Depuis janvier, pour faire face aux besoins de mise à l’abri dans le contexte du Covid, soixante places d’hébergement hivernales ont été ouvertes sur place, à la demande de la DDCS.

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Petite histoire du camp des Matelots-Mortemets
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Le camp des Matelots a été créé en 1889 à la sortie de Versailles, en direction de Saint-Cyr, pour accueillir le génie ferroviaire : pose et réparation de voie ferrée en temps de conflits, complété par la capacité à mettre en place rapidement des ponts provisoires pour que le train passe en dépit des destructions.

Pourquoi s’appelle-t-il camp des Matelots ?

Parce qu’il abritait, sous l’ancien régime, les marins qui assuraient les spectacles d’eau au château de Versailles adjacent — et on imagine qu’ils étaient nombreux ! Jusqu’en 2010, le 5eme régiment du Génie a assuré toutes ces missions à Versailles et, avec la réforme des armées de 2008, ses missions ferroviaires ont été transférées au 19eme régiment du Génie, lui-même créé au XIXe siècle — l’action se poursuit, mais ailleurs ! Le camp des Matelots-Mortemets a été cédé à la ville de Versailles qui a transformé ses bâtiments en associations et locaux techniques. Les locaux sont aujourd’hui confiés à des associations caritatives : hier la Croix Rouge, aujourd’hui Cité Caritas, pour accueillir en urgence des migrants.

Auteur et crédits
Catherine Reigner. Crédit photo visuel: © StevenWassenaar/SecoursCatholique