À Vélizy, la boutique du coeur
Comme dans une épicerie de campagne, on trouve un peu de tout dans l'épicerie solidaire de Vélizy et au moment de passer en caisse, on ne paie que 25% des prix pratiqués dans le commerce, ce qui soulage ceux qui connaissent la précarité.
On peut y acheter des fruits et légumes de saison, des articles d’épicerie, des surgelés... et aussi, en cette période d’avant Noël, une sélection de jouets et de livres pour enfants, joliment disposée à l’entrée du magasin. Comme dans une supérette, les clients y poussent leur caddie entre les rayons et choisissent avec soin ce dont ils ont besoin mais à 25 % en deça des prix du commerce !
Pour la trouver, il faut le vouloir, tant elle se fait discrète dans son local perdu au milieu des immeubles de la place de l’Aviation, en plein cœur de Vélizy-Villacoublay. Gérée par une douzaine de bénévoles du Secours Catholique, l’épicerie accueille deux fois par semaine plus de 25 familles de la ville et des environs, les mardis après-midi et samedis matin.
« Les conséquences économiques de la pandémie ont conduit à une augmentation de la fréquentation de 30 % », commente Caroline, co-responsable de l’équipe. « Nous recevons surtout des femmes seules avec enfants, des familles nombreuses et des personnes âgées en limite de droits. Beaucoup ont perdu leur emploi d’appoint qui leur permettait de joindre les deux bouts. Une fois payées toutes les charges, il ne reste plus grand chose pour acheter de quoi manger ».
Ces denrées ne tombent pas du ciel. Ou presque, car elles proviennent de la générosité de tout un chacun, que la crise sanitaire n’a pas découragé, bien au contraire.
« Cette année, la collecte à Auchan Vélizy a été phénoménale. Les gens n’ont jamais été aussi généreux ! », s’enthousiasme Élisabeth, responsable des collectes dans les supermarchés des environs depuis une vingtaine d’années. « On a même vu une famille, qui a l’habitude d’acheter pour les maraudes, nous donner un caddie rempli à ras-bord de marchandises. En plus, les gens achètent comme pour eux, pour faire plaisir, des produits de qualité ».
Il y a de l'espoir dans cette boutique !
Cette qualité se retrouve dans les rayons de l’épicerie sociale. « Les personnes bénéficiaires n’ont pas à se contenter de sous-produits, du surplus et d'invendus. Elles peuvent choisir leur nourriture. C’est cela aussi, l’accès digne à l’alimentation, que nous défendons au Secours Catholique » commente Caroline, bénévole et co-responsable. Avec des produits proposés à 25 % en deça du prix pratiqué dans le commerce, elles peuvent facilement remplir un caddie pour leur famille avec 25 euros.
Pour bénéficier de l'accés à l’épicerie sociale, les personnes rencontrant des difficultés doivent d’abord s’adresser à une assistante sociale du centre communal d'action sociale de la ville, qui étudiera avec elles leur budget et leurs besoins. Pas facile de demander de l’aide et de pousser la porte pour la première fois ! L’équipe du Secours Catholique, consciente de la difficulté de cette démarche, met tout en œuvre pour la faciliter. Sur place, un café-rencontre est organisé une fois par mois dans une salle voisine, pour accueillir les clients avant ou après leurs courses.
« Nous avons à cœur d’être à l’écoute des personnes pour mieux les accompagner dans leurs difficultés. Pour certaines, depuis le confinement, ces deux demi-journées sont leur seule occasion de sortir de chez elles et de parler à quelqu’un », commente Marina, co-responsable de l’équipe.
« Il y a de l’espoir dans cette boutique », commente Aïcha, qui est venue pour la première fois accompagner sa fille Myriam, qui traverse une mauvaise passe. « Quand on a des problèmes, ça fait du bien de venir parler. Vous êtes à notre écoute ».
Dans la boutique aussi, au milieu des rayons ou à la caisse, les partages sont privilégiés. « Ici, c’est la boutique du cœur », témoigne Vanessa, venue faire ses courses. « Après le décès de ma mère et avec mes problèmes d’argent, j’ai sombré dans la dépression. C’est grâce aux bénévoles que j’en suis sortie et je viens régulièrement faire mes courses pour manger, mais surtout pour les remercier ». Une autre, qui a vu sa situation matérielle changer du fait d’une perte d’emploi, a été tellement marquée par l’accueil reçu qu’elle est devenue à son tour bénévole.
En vérité, ce qui rend heureux, c’est d’être dans l’échange. On n’a pas besoin d’être aidés, on veut s’entraider.
On y est !